Si vous vous êtes déjà demandé : « La Chine m'espionne-t-elle ? », vous n'êtes pas seul. Face aux inquiétudes croissantes concernant des applications comme TikTok, la reconnaissance faciale et les lois sur la surveillance, de plus en plus de personnes se demandent ce que la Chine fait de leurs données. La réponse est complexe, mais elle n'est pas hors de portée. Décryptons ce qui se passe, son importance et son impact potentiel sur vous, même si vous ne vivez pas en Chine.
Le cadre juridique : ce que disent réellement les lois chinoises sur les données
Ces dernières années, la Chine a adopté plusieurs lois majeures qui régissent la collecte, le stockage et le partage potentiel des données. Ces lois sont censées protéger la vie privée, mais elles soulèvent également des questions quant à l'accès des pouvoirs publics à ces données.
Loi sur la protection des renseignements personnels (PIPL)
Considérez la PIPL comme la version chinoise du RGPD européen. Elle oblige les entreprises à demander le consentement avant de collecter vos données, à vous expliquer pourquoi elles les collectent et à les protéger. À première vue, cela semble être une victoire pour la vie privée. Mais il existe une différence essentielle : les entreprises chinoises doivent se conformer aux demandes des services de renseignement nationaux. Cela signifie que si le gouvernement souhaite accéder aux données, même celles d'une entreprise privée, il est légalement tenu de les lui fournir.
Alors, quand les gens demandent : « La Chine a-t-elle accès aux données de TikTok ? », la réponse courte est : elle le pourrait, si elle le souhaite.
Loi sur la sécurité des données (DSL)
La DSL vise à protéger les données susceptibles d'avoir un impact sur la sécurité nationale. Elle oblige certaines entreprises, notamment celles exploitant des infrastructures critiques, à stocker leurs données en Chine. Pour les entreprises ou plateformes étrangères ayant des utilisateurs chinois, cela signifie que leurs données pourraient être plus facilement accessibles aux autorités chinoises.
Il ne s’agit pas seulement de protéger les utilisateurs ; il s’agit de donner au gouvernement le contrôle des informations qui restent dans le pays et de la manière dont elles sont utilisées.
Nouveautés 2025 : reconnaissance faciale et audits
La Chine est connue pour son utilisation généralisée de la technologie de reconnaissance faciale. Face à cette réaction négative, une nouvelle réglementation entrera en vigueur en juin 2025. Celle-ci obligera les entreprises à obtenir le consentement de l'utilisateur avant de scanner son visage et à ne collecter que les données nécessaires. Cependant, l'application de ces règles suscite un certain scepticisme, notamment en ce qui concerne leur utilisation par l'État.
En mai 2025, la Chine a également commencé à exiger des grandes entreprises qu'elles réalisent des audits de conformité en matière de protection des données tous les deux ans. Si une entreprise traite les données de plus de 10 millions de personnes, elle doit examiner ses propres pratiques pour vérifier leur conformité avec la législation chinoise sur la protection de la vie privée. Bien que cela puisse paraître une avancée, les audits sont internes, de sorte que le public ne voit pas vraiment ce qui se passe en coulisses.
Alors, la Chine espionne-t-elle l’Amérique ?
Cette question revient souvent et elle est légitime. Des audiences politiques aux États-Unis aux interdictions technologiques et aux conflits commerciaux, la présence numérique de la Chine est scrutée à la loupe.
Soyons clairs : il n’existe aucune preuve publique que les applications chinoises surveillent individuellement les Américains en temps réel. Cependant, des inquiétudes subsistent quant à la quantité de données collectées, à leur destination et à leur utilisation future. C’est particulièrement vrai lorsque les applications collectent des données de localisation, des commandes vocales, des contacts ou des habitudes de navigation.
TikTok, par exemple, a affirmé à plusieurs reprises stocker les données de ses utilisateurs américains hors de Chine. Mais en 2023 et 2024, des lanceurs d'alerte et des enquêtes ont suggéré que certains ingénieurs chinois avaient malgré tout accès à des données américaines. Même involontairement, cela soulève la question : que fait la Chine de vos données une fois qu'elle les a en sa possession ?
Qu'advient-il de vos données ?
Les entreprises technologiques chinoises, comme toutes les autres, utilisent les données pour améliorer leurs services, diffuser des publicités et suivre leurs performances. Mais ce qui les distingue, c'est leur obligation légale de collaborer avec le gouvernement.
Ainsi, si vos données sont collectées via une application ou un appareil chinois, elles pourraient, en théorie, être demandées par les autorités. Cela ne signifie pas que chaque selfie ou message est surveillé, mais vos informations pourraient être intégrées à un vaste ensemble de données utilisées à des fins de profilage, de prédiction ou de contrôle politique.
Le rôle de la surveillance
Le système de surveillance chinois est parmi les plus avancés au monde. Les caméras de reconnaissance faciale sont omniprésentes. Les réseaux sociaux sont surveillés. Le comportement des citoyens est évalué grâce à des systèmes comme le programme de crédit social.
Pour les étrangers, ce type de surveillance ne s'applique généralement pas directement. Cependant, les mêmes outils – reconnaissance faciale, analyse des sentiments et récupération de données – sont intégrés à des plateformes désormais utilisées à l'échelle mondiale. Cela soulève des inquiétudes quant à la possibilité que certaines de ces capacités soient exploitées à l'étranger.
C'est pourquoi des termes comme « surveillance chinoise » et « espionnage chinois des États-Unis » sont toujours à la mode. Ce n'est pas seulement une question de peur, c'est le reflet de véritables questions sur le fonctionnement de la technologie en coulisses.
TikTok appartient-il à la Chine ?
Oui. TikTok appartient à ByteDance, une entreprise basée à Pékin. Cela ne suffit pas à prouver une infraction. Mais cela suffit à inquiéter les gouvernements. En raison des lois chinoises sur la sécurité nationale, ByteDance pourrait être contraint de partager des données sur demande, quoi qu'en dise son équipe de relations publiques.
Ce risque juridique a conduit plusieurs pays, dont les États-Unis, à interdire TikTok sur les téléphones gouvernementaux. La logique est la suivante : s'il existe le moindre risque que des données sensibles soient exposées, cela n'en vaut pas la peine.
Comment se protéger
Supprimer TikTok ou cesser d'utiliser les applications chinoises est une décision personnelle. Mais il existe des moyens simples de réduire votre exposition :
- Désactivez les autorisations dont vous n’avez pas besoin (comme le microphone ou l’accès à la localisation).
- Utilisez des outils de confidentialité tels que des VPN ou des navigateurs cryptés.
- Évitez de vous connecter à plusieurs services avec le même compte (comme utiliser Google pour vous connecter à tout).
- Restez informé des applications liées aux entreprises chinoises.
Être informé est votre meilleure défense. Il ne faut pas être paranoïaque, mais il ne faut pas non plus être naïf.
Réflexions finales
Alors, la Chine vous espionne-t-elle ? Pas exactement, mais vos données pourraient tout de même être intégrées à un système bien moins transparent que vous ne le souhaiteriez. Si vous utilisez des plateformes chinoises ou travaillez dans un secteur qui traite des informations sensibles, il est important de bien réfléchir à la destination de vos données.
À retenir : ce n'est pas une question de peur. C'est une question de sensibilisation. Sachez quelles applications vous utilisez. Sachez ce qu'elles collectent. Et sachez que parfois, un défilement apparemment inoffensif peut donner à quelqu'un d'autre une image très détaillée de votre vie.